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Malgré une législation restrictive, les cas de viols et d’incestes prennent une ampleur alarmante au Sénégal, entraînant des conséquences tragiques, notamment des grossesses non désirées.
Dans son dernier rapport, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) révèle que plus de 30 % des victimes de violences faites aux femmes sont des mineures de moins de 16 ans. En réponse à ce fléau, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) exhorte l’État sénégalais à respecter son engagement, pris il y a 20 ans, de légaliser l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste.
Des chiffres alarmants
Le Sénégal a été marqué par des affaires choquantes : le viol d’une fille de 9 ans à Joal en janvier 2025, ou encore celui de 27 filles âgées de 6 à 15 ans à Diourbel en 2023. En 2022, 43 % des 331 victimes de viols recensés avaient entre 4 et 14 ans, selon l’Association des juristes sénégalaises (AJS). Ces crimes laissent des séquelles irréparables et, souvent, des grossesses mettant en danger la vie des victimes.
Chaque année, plus de 30 000 femmes au Sénégal ont recours à des avortements clandestins, selon la FIDH. Ces pratiques sont une des principales causes de décès maternels et conduisent souvent à des peines de prison allant jusqu’à deux ans. En 2024, 11 % de la population carcérale féminine était liée à des faits d’avortement ou d’infanticide.
Une nécessité urgente de réforme
La FIDH, en partenariat avec l’AJS et d’autres organisations de défense des droits humains, appelle les autorités sénégalaises à appliquer le Protocole de Maputo, ratifié en 2004, qui garantit le droit à l’avortement médicalisé dans des cas spécifiques. Leur rapport, intitulé « Double peine : les survivantes de viol et d’inceste contraintes de poursuivre leur grossesse au Sénégal », souligne l’urgence d’une réforme pour protéger les femmes et jeunes filles victimes.
La juriste Ndèye Oulimata Sène rappelle que l’alternance politique actuelle offre une opportunité de changement. Elle plaide pour des mesures concrètes afin de garantir une prise en charge médicale et de préserver la santé et la dignité des survivantes.
Avec plus de 31,9 % des femmes de 15 ans et plus ayant subi des violences au cours des 12 derniers mois, il est impératif que le Sénégal prenne des décisions courageuses pour enrayer ce fléau et offrir un avenir plus sûr aux femmes et filles du pays.