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Un secteur en pleine mutation
l’industrie de la noix de cajou au sénégal est à un tournant décisif. avec une production annuelle estimée entre 100 000 et 150 000 tonnes, ce secteur possède un fort potentiel de croissance économique et de création d’emplois. cependant, plusieurs défis entravent son développement et nécessitent des réformes pour renforcer la transformation locale et améliorer la compétitivité du pays sur le marché international.
Des défis structurels à surmonter
l’un des principaux obstacles réside dans le manque d’infrastructures adaptées. actuellement, seul un bateau assure la liaison entre ziguinchor, principale région productrice, et dakar, le principal point d’exportation. cela entraîne des coûts supplémentaires et réduit la compétitivité des producteurs locaux. à titre de comparaison, la côte d’ivoire, premier producteur mondial de noix de cajou, a investi massivement dans ses infrastructures de transport, facilitant ainsi l’acheminement des récoltes vers les zones d’exportation.
de plus, l’industrie sénégalaise est dominée par des acteurs étrangers, laissant peu de place aux producteurs locaux. les barrières financières, avec des taux d’intérêt élevés (10-12 %), compliquent l’accès au financement pour les petits exploitants, les empêchant d’investir et d’accroître leur production.
Un faible taux de transformation locale
actuellement, 97 % des noix de cajou produites au sénégal sont exportées brutes, avec seulement 3 % transformées localement. cette situation réduit considérablement la valeur ajoutée et prive l’économie sénégalaise de revenus importants. à l’inverse, des pays comme le vietnam transforment plus de 90 % de leur production, générant ainsi davantage d’emplois et de revenus à l’exportation.
les producteurs locaux, bien qu’étant les premiers maillons de la chaîne, perçoivent une rémunération bien inférieure à celle des transformateurs et exportateurs. par exemple, alors qu’ils vendent une tonne de noix de cajou à environ 15 000 fcfa, elle est ensuite commercialisée entre 750 000 et 1 100 000 fcfa une fois exportée.
Vers une industrialisation de la filière
malgré ces défis, le potentiel de valorisation du secteur est immense. la pomme de cajou, souvent négligée, peut être transformée en produits à valeur ajoutée comme du jus, de la farine ou encore de la viande végétale, répondant ainsi à la demande croissante pour les produits véganes et bio.
augmenter le taux de transformation locale de 3 % à 50 % au cours de la prochaine décennie pourrait tripler les revenus d’exportation et favoriser la création de milliers d’emplois. cela nécessiterait cependant des investissements massifs dans les infrastructures et la technologie.
Le rôle clé de l’état
pour libérer pleinement le potentiel de la noix de cajou, des mesures doivent être mises en place :
- améliorer les infrastructures : l’ajout d’un second bateau reliant ziguinchor et dakar ainsi que le renforcement du transport routier réduiraient les coûts logistiques.
- faciliter l’accès au financement : la création d’un fonds d’appui dédié à la filière pourrait permettre aux producteurs et transformateurs de mieux s’équiper.
- mettre en place des réformes incitatives : des régulations favorisant les acteurs locaux et taxant les exportations de noix brutes aideraient à renforcer la transformation sur place.
Un avenir prometteur pour la noix de cajou au sénégal
en s’inspirant des modèles réussis de la côte d’ivoire, de l’inde et du vietnam, le sénégal a l’opportunité de transformer son industrie de la noix de cajou en un moteur de croissance économique. en investissant dans la transformation locale et en mettant en place des politiques de soutien, le pays pourra non seulement augmenter ses revenus d’exportation, mais aussi améliorer les conditions de vie de ses producteurs. le moment d’agir est venu pour faire de cette filière un pilier de l’économie nationale.