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Le Sénégal, longtemps considéré comme un bastion de la liberté de la presse en Afrique, a récemment fait face à une dégradation significative des conditions d’exercice du métier de journaliste. Depuis mars 2021, le pays a enregistré une série d’agressions et d’arrestations de journalistes, ainsi que des restrictions à la liberté d’expression, particulièrement dans le contexte électoral.
Violations de la liberté de la presse
Les autorités sénégalaises ont menacé le droit à une information plurielle en suspendant abusivement l’accès à internet et aux réseaux sociaux, ainsi qu’en ciblant des médias jugés critiques du pouvoir. Plus de 20 interpellations ou arrestations de journalistes ont été recensées, accompagnées de dizaines d’agressions par les forces de l’ordre ou des individus lors des manifestations. Des vagues de cyberharcèlement ont également été signalées, illustrant le caractère politique de ces entraves à la liberté de la presse.
Appel à l’action des nouvelles autorités
L’arrivée au pouvoir de nouvelles autorités le 2 avril 2024 offre une opportunité pour améliorer la situation. Reporters sans frontières (RSF) exhorte le nouveau chef de l’État sénégalais à agir en faveur de la liberté de la presse. RSF recommande notamment de diligenter systématiquement des enquêtes et des poursuites en cas de violences sur les journalistes et de supprimer les peines de prison pour les infractions de presse. Les charges de « diffusion de fausses nouvelles » ou « offense au chef de l’État », souvent instrumentalisées contre des journalistes critiques, doivent être revues.
Protection des droits fondamentaux
Amnesty International a également appelé les autorités sénégalaises à respecter et à protéger le droit de réunion pacifique et la liberté d’expression. La suspension de l’accès à internet et la révocation de la licence de certaines chaînes de télévision constituent des atteintes flagrantes à ces droits, protégés par la Constitution du Sénégal et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.
Enjeux pour l’avenir
Le Sénégal a reculé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de la presse de RSF en trois ans, soulignant l’urgence de garantir l’indépendance éditoriale des rédactions et une plus grande soutenabilité économique des médias. La société civile et l’opposition continuent de dénoncer les violations des libertés, notamment les arrestations, les interdictions de manifestations et les mesures coercitives contre la presse.